DU REEL AU FEMININ

Dominique Locatelli *

La mélancolie commence quand les métamorphoses de la fuite sont achevées et qu’on en éprouve l’inutilité. Dans la mélancolie on est la proie rattrapée et déjà saisie. On ne peut plus s’échapper. On ne se transforme plus. Tout ce que l’on a essayé a été vain. On s’est résigné à son sort, on se voie proie. On suit une ligne descendante : proie, mangeaille, charogne, excrément. (Canetti) 

La clinique contemporaine de l’angoisse chez la femme, évoquant les formes actuelles qu’elle emprunte, indiquerait des avatars de manifestations préférentiellement retrouvées dans le champ masculin. 

Ces occurrences référeraient aux effets de la parité sexuelle croissante consécutives aux modifications culturelles emportées par les conquêtes politiques des femmes. 

En effet l’expression concurrentielle dans le champ social de l’avoir ressortissant davantage au registre phallique, modifierait en les amplifiant les modalités d’expression du symptôme, inclinant à un frayage par l’angoisse. 

S’il convient d’appréhender ces témoignages avec l’attention rigoureuse qui leur sont dus, c’est aussi pour signaler la richesse et relever la singularité de la clinique féminie de l’angoisse dont les rapports resteront en filigrane comme approche privilégiée du réel. 

Freud nous a légué dans l’élaboration conceptuelle de ses derniers travaux sur la féminité , conforté de sa conviction d’une libido unique, sa butée indépassable du refus de la position passive exprimé pour les femmes par l’envie du pénis. Il laissait pour la postérité analytique le nimbe opaque dont il avait initié la dissipation, recouvrer à nouveau le caractère énigmatique qui la désignait. Tout au long de la décennie ouverte par les questions soulevées dans « Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine » (1958) et l’exposition de la différentiation des positions dans leur rapport à ce signifiant pour les hommes et les femmes dans la conférence « La signification du Phallus » (1958), Lacan s’attache avec une approche conceptuelle renouvelée à en réveiller l’abord en termes de division relative au signifiant phallique jusqu’à la formalisation des jouissances engagée dans la présentation de la communication «Subversion du sujet… » (1960) et aboutie dans l’élaboration en 1972 du Séminaire Encore. « L’angoisse », Séminaire présenté au cours de l’année 1962-1963 qui vient prendre place dans cette suite constructivisme de la position féminie, déploiera dans la formalisation du réel toute sa vigueur théorique rétrospectivement renforcée eu égard à une parenté conceptuelle annoncée entre angoisse et féminin. 

La phénoménologie actuelle de l’angoisse si elle apparait chez les femmes étouffée des formes rencontrées dans le registre de l’avoir (la puissance, la réussite, le pouvoir…), qu’elle se signale sur le registre de la plainte : « je ne parviens pas à consacrer assez de temps à ma famille, je suis trop accaparée par mes responsabilités professionnelles, ça m’angoisse ! » ou de la revendication : « je suis très heureuse d’organiser ces tournois…Je pars à chaque fois seule, je laisse mes enfants à mon mari, ça ne me pose aucun problème ! », complexifie son approche. En revanche, sa présentation hybride où se mêlent la contamination anxieuse de situations intéressées au mode d’expression phallique et des expériences où leur position est concernée quant à leur sexe, serre au plus près le point nodal qui commande à leur demande d’analyse : l’affectation par l’angoisse. 

L’assujettissement à la loi phallique que conditionne la prise de greffe de son signifiant pour la femme ne s’établirait que partiellement au regard de l’absence de signifiant sexué qui la fonde, hors le phallus : « Disons que ces rapports tourneront autour d’un être et d’un avoir qui, de se rapporter à un signifiant, le phallus, ont l’effet contrarié de donner d’une part réalité au sujet dans ce signifiant, d’autre part d’irréaliser les relations à signifier » . 2D’autre part la limitation de jouissance déduite de la prise de l’être dans le langage met à jour deux jouissances, la jouissance de l’être plus tard désignée par jouissance Autre voire jouissance du corps et la jouissance sexuelle site phallique. 

A cette perte inaugurale de l’avènement du « parlêtre » s’agrège le manque à être initié par la castration qui divise le sujet et l’inscrit au registre de la sexuation sous l’égide phallique. La femme confrontée à une ultime fission venant témoigner d’un défaut de représentant sexué dans l’inconscient qui à son tour ne peut la déterminer toute tels que mathématisés dans « les schémas de la sexuation » présentées dans le Séminaire XX (P. 73).  

A son tour l’énonciation inconsciente S(A) barré illustre sur le graphe le défaut de signifiant dans l’Autre lorsque empruntant aux pulsions le sujet, confronté à « l’escroquerie » du génital, s’y efface dans sa demande, resurgissant là à l’absence d’inscription d’un Autre sexué qui ruine toute attente d’une possible rencontre sexuelle. 

Plus tout à fait Un(e ) et pas tout à fait une Autre, la femme s’engage dans la croisade de l’amour, rébellion contre la violence du langage faite au sujet, qui convierait l’être et assignerait l’un et l’autre à la puissance mutuelle de la rencontre, «  … l’amour vise l’être, à savoir ce qui dans le langage se dérobe le plus… »  Ainsi les femmes, par leur fréquentation élective de l’amour, l’estompage dans des mises en scènes du jeu «mascarade»  précipitant quelques leurres où échoue leur narcissisme et son cortège de compromis symptomatiques, n’esquivent que provisoirement par la position subjective qu’ils dessinent, la familière question, lancinante, de son désir infiltré par l’angoisse qui les conduisent aux portes de l’analyse. 

Deux jeunes femmes à quelques mois d’intervalle entreprennent à la suite de diverses démarches thérapeutiques spécialisées dans des réponses localisées à la problématique qu’elles désignent, de s’adresser à un analyste, déterminées à délocaliser leur souffrance des sollicitations dont leurs corps est entouré. 

Chacune s’est établie dans un « devenir femme » actuel dans lequel ont pris place chronologiquement : travail, mari, enfants, se soutenant de l’adage contemporain dont la substitution et le déplacement de certains des termes n’est pas sans rappeler par leur appropriation quelques victoires historiques du siècle. 

La difficulté sexuelle exprimée de l’une sur le mode d’une impossible jouissance, confine à la phobie de rencontrer le désir de son partenaire face à l’insupportable qui la saisit d’en répondre. 

L’autre, plutôt amène dans le domaine sexuel, qu’elle a comme notre précédente patiente, découvert tardivement, répond d’une culpabilité très vite lestée de l’épuisement qu’occasionne son désir irrépressible de séduction l’amenant à des passages à l’acte adultères.

L’engagement progressif du travail de déchiffrage des formations de l’inconscient ponctué de souvenirs que réveille le travail associatif conduit chacune à l’interrogation instituante du « Ché vuoi ? », taraudé par l’angoisse dont elle se supporte. 

« Ce qui plait normalement aux autres femmes ne m’intéresse pas…ça m’ennuie », énonce celle-ci, « Je suis toujours ballotée entre paraitre et être », répond celle-là.

Il s’agira d’entendre leur formalisation singulière comme l’écho réfléchi d’un versant à l’autre d’un même gouffre que creuse la lacune fondamentale qui les affecte. 

La réticence sexuelle, expression policée du dégout et l’hyperphallicisation du corps sous le regard racontent assez l’allégeance à l’angoisse qui les chaperonne lors de la mobilisation du corps supportant la mise en lumière du défaut de la sexualisation. 

Rappelons le dégout surgissant dans les formations signifiantes déployées dans la cure des patientes de Freud, Anna O. et Emmy Von N. présentées dans les Etudes sur l’hystérie (1895), qui viendrait prendre place au lieu du corps sans vie et s’associer au « blanc » de la parole qui les saisit tour à tour. 

Par ailleurs, ces femmes tentent de réduire la préoccupation narcissique qu’elles manifestent dans la capture imaginaire de leur corps, afin de retenir cet adoubement en défaut d’identification symbolique et dont l’inconscient n’évoque que le manque : « Si paradoxale que puisse sembler cette formulation, nous disons que c’est pour être le phallus, c’est-à-dire le signifiant du désir de l’Autre, que la femme va rejeter une part essentielle de la féminité nommément tous ses attributs dans la mascarade »

Plus tard Lacan spécifiera son énoncé en l’articulant au rapport distinctif que la femme entretient avec la jouissance : « …C’est d’offrir au désir de l’homme objet dont il s’agit de la revendication phallique, l’objet non détumescent soutenir son désir, … C’est ce que j’ai cru devoir déjà valoriser en soulignant, après J. Riviere, la fonction propre de ce qu’elle appelle la « mascarade » féminine. Simplement, elle doit y faire bon marché de sa jouissance ». « Féminité-mascarade », titre attribué par M.C. Hamon pour son recueil de textes, revisite l’intitulé de J. Riviere et révèle par ce vocable l’incomplétude insignifiable qui ne s’incarne que de s’adjoindre un substantif, renvoyant métonymiquement au voile qui revêt l’ombilic. 

Héraults d’une prophétie annoncée, les femmes s’élancent dans la tentative inouïe de rejoindre un Autre qui les appelle de son manque partagé d’avec elles, vigies surveillant le barrage dressé contre un ressac qui répète inlassablement le ratage de la rencontre d’un sujet d’avec un autre sujet, l’éternelle disjonction où elles voudraient conjoindre désir et jouissance : « L’amour est impuissant, quoiqu’il soit réciproque, parce qu’il ignore qu’il n’est que le désir d’être Un, ce qui nous conduit à l’impossible d’établir la relation à deux. La relation d’eux qui ? – deux sexes. » 

En effet, l’angoisse consubstantielle à cet échappement d’elle-même que constitue la part ineffable de sa jouissance, appendue qu’elle est de manière flottante au nœud de la castration, fait poser pour une femme l’amour comme exigible dans sa capacité à la doter en signifiants. Car jouir sexuellement pourrait la ramener de son extradition dans la jouissance Autre. Et cependant « …elle n’y tient pas aussi essentiellement que l’homme pour ce qui est de la jouissance, de sa nature. » , mais elle se porte en avant toujours davantage vers le désir de l’Autre car elle y est concernée au plus profond d’elle-même. 

Si l’amour est la sublimation du désir », la femme y caracole sans mettre pieds à terre jusqu’à ce que l’attention portée au désir de l’Autre favorise à son terme la présentation d’un objet convenu, « nor-mâle » souriait S. Aparicio, pour sa jouissance. Et puisque par l’intransigeance de son amour sa jouissance s’autorise au désir, l’interrogation insatiable de l’Autre qu’elle convie à son assise narcissique toujours béante, l’expose en retour à la jouissance d’être désirée. 

Elle renoue ainsi avec le procès de la subjectivation réalisée dans ses fondements sous les auspices de l’Autre, « …de la division signifiante où l’x d’un sujet primitif va vers son avènement » ,   resurgissant aux effets de la division fondatrice. Cette opération originaire repère dans son instauration où le sujet va initier la question de son désir, la négociation d’objets cessibles empruntant la voie pulsionnelle, qui trouvera son terme dans la division l’instituant comme désirant sous l’égide du signifiant fédérant ses pertes : –phi  

Mise en demeure d’en répondre à son tour, l’interrogation du désir de l’Autre qu’elle voudrait ériger dans sa plénitude lui conférant en retour l’insigne qui la reconnaitrait, la femme répugne cependant à s’y laisser épingler comme objet offert à l’Autre : « L’angoisse gît dans ce rapport fondamental où le sujet est dans ce qu’appelé jusqu’à ici désir de l’A. » 

Elle s’affronte alors au manque de l’objet, cause du désir de l’Autre qui assoit la position subjective indexée sur la position phallique la faisant s’incliner vers l’incarnation du défaut de cet objet, soutenu par l’élaboration de son fantasme : « …me proposer comme désirant, êpov, c’est me proposer comme manque de a et ce qu’il s’agit de soutenir, dans notre propos est ceci, c’est que par cette voie que j’ouvre la porte à la jouissance de mon être. »  C’est là que dans cette mise à nue de ses oripeaux narcissiques, dénudée d’être objectivée en a elle atteindrait à l’acmé de l’angoisse, la précipitant dans la destitution subjective : « Toute exigence de a sur la voie de cette entreprise, disons, puisque j’ai pris la perspective androcentrique de rencontrer la femme, ne peut que déclencher l’angoisse de l’autre, justement en ceci que je ne le fais plus que a, que mon désir le « a-aise », si je puis dire. » Mais la présentification de l’objet a comme représentation du sujet cause du désir de l’Autre épuise-t-elle le registre de l’angoisse, là où « le sujet est intéressé au plus intime de lui-même ?»

La double valence que l’arrimage pour la femme à l’objet a établi dans son rapport à l’autre, souligne S. André, c’est l’insupportable réduction à l’objet d’usage de sa jouissance mais aussi l’assurance d’une polarité de jouissance articulée au fantasme qui la ferre. Elle autorise le déploiement des symptômes, barrière isolante de sa vacuité comme solde de l’in-subjectivable : « Car cette découverte de a , du réel désexualisé du corps, tout en s’accompagnant de violentes manifestations d’affect, comporte une certitude, une solidarité, une fixité qui constitue une véritable consolation pour le sujet. »  La tentation apparait séduisante de proposer un parallèle d’avec la constitution de la phobie qui, l’évoquait C. Soler, traite l’incomplétude de l’Autre, hors l’imaginaire par l’interprétation, en promouvant un nouveau signifiant en réponse à l’angoissante question du manque dans l’Autre auquel le sujet est affronté. Car « Le phénomène phobique, le plus paradigmatique du rapport au désir de l’Autre » ( C. Soler, Séminaire, 06.05.01, CCP)  est requis dès lors que le sujet s’affronte à une jouissance occulte déduite du manque phallique ; il recourt alors à la demande de cet Autre qu’il élabore sur le registre pulsionnelle en fantasme comme désir de cet Autre : « Le névrosé en effet, hystérique, obsessionnel, plus radicalement phobique, est celui qui identifie le manque de l’Autre à sa demande , O à D. »      

La localisation de l’angoisse procède de la métaphore phobique et c’est à sa suite dans les effets de la série symptomatique que nous pouvons lire la dimension d’ancrage que constitue la formation du fantasme comme circonscription de la jouissance pour une femme. 

La double inscription de la femme au registre de la castration et sa désertion partielle à l’enrôlement sous la bannière phallique va encourager Lacan, tandis qu’il instruit l’élaboration théorique des jouissances, jouissance phallique et jouissance de l’Autre, voire du corps, à incliner cette dernière du côté féminin, instituant la position subjective féminine comme paradigmatique de la dialectisation de ces deux jouissances. Elle vient rappeler à cette place l’opération d’abrasion de la jouissance du corps par le langage que décline les disjonctions du sujet d’avec l’Autre et de l’homme d’avec la femme et la déporte du côté de l’altérité radicale : « La position féminine vaut comme métaphore de l’Autre en tant que celui-ci est impossible à rejoindre entant qu’il reste toujours Autre. » 

La représentation topologique de l’angoisse comme morsure du réel sur l’imaginaire que Lacan a proposé, rend compte d’une de ses figurations possibles où l’assigne son intransigeance, ressortant au reste innommable de l’opération de découpage auquel le langage procède : « Seule la notion de réel, dans sa fonction opaque, s’oppose à celle du signifiant devant quoi l’organe opère comme signal de l’ordre de l’irréductible de ce réel. »   

A son tour la jouissance du corps viendrait témoigner du registre de l’être que l’évidement de jouissance rendrait foncièrement hétérogène à son recouvrement par le signifiant. 

Kierkegaard témoigne dans son ouvrage Le concept de l’angoisse (1884) d’une ouverture plus importante de la femme à l’affect de l’angoisse ; sans doute, et nous avons tenté précédemment de l’éclairer, cela relève-t-il comme pour tout sujet de sa constitution dans la relation qu’il entretient au désir de l’Autre. Mais par ailleurs l’assignation de sa division au registre de l’insubjectivable de sa position l’y prédisposerait davantage par la fréquentation familière du réel qu’elle implique. La fréquence de son expression et sa plasticité attesterait alors, par l’habillage polymorphe qu’elle revêt, du virage à « l’inquiétante étrangeté qu’emprunte le familier », thème développé par Freud dans son article en 1919, traduisant sa propension à s’y loger.

L’équivoque du féminin vient alors s’articuler à la question par laquelle Lacan interpelait son public lors de ses interventions en 1977 (Ornicar ? 17/18 ; 1979). La poésie peut-elle remédier à la mise en question de la psychanalyse pour « escroquerie » et l’impétrant s’en soutenir dans un travail d’interprétation ? 

La duplicité poétique qui opère entre sens et signification témoigne cependant du lien de parenté qui l’unirait dans ses effets avec le « sens-double » du signifiant en usage dans la psychanalyse. Mais quid du réel qui homologiquement au rapport sexuel se conjugue à l’impossible et « ne cesse pas de ne pas s’écrire » mais se dessine en s’absentant du sens ?

En réponse à l’achoppement de l’abord de son impossible auquel nous convoquent l’angoisse « symboliquement réel » et le symptôme, le psychanalyste est mis en demeure et Lacan en position avancée, de s’astreindre à la quête innovante d’un signifiant. Or, et Lacan le rappelle, la torpeur infiltre tout discours, assujettit à son intention de « commandement » dont seul le réel parvient à l’éveiller. 

L’invention d’un signifiant nouveau ne ressortirait-il pas au paradoxe d’une production d’un « effet de sens » de l’indicible, là où l’effet de trou se manifeste ?

Si la poésie parvient à se prévaloir de cette portée n’est-ce pas à la condition qu’au-delà de l’ambiguïté du signifiant dont elle joue, elle puisse résonner de ce trou ineffable qu’elle habille ? la poésie fait usage de la torsion de la langue pour indiquer la perte d’être innommable de la causalité du sujet par le langage. Celle-ci constituant une violence radicale dont l’autiste vient à son tour attester par ses productions et la disjonction entre l’écriture ici première sur le langage, refusant ainsi de consentir à son oubli (M. Turnheim, Les ateliers du samedi, 02.12.00). « Cette coupure de la chaine signifiante est seule à vérifier la structure du sujet comme discontinuité dans le réel. » 

La proximité du réel pour les femmes que leur autorise singulièrement ce « supplément de jouissance » les portent à convier au plus près la dimension de l’être tant elles frayent avec ses rejetons les plus intimes, le sexe et la mort : « Ainsi quand nous voulons atteindre dans le sujet ce qui était avant les jeux sériels de la parole, et ce qui est primordiale à la naissance des symboles, nous le trouvons dans la mort, d’où son existence prend tout ce qu’elle a de sens. »  Qu’elles promeuvent leur manque à être dans les rets de la création  et que les y rejoignent alors ceux qui en manifestent à leur tour l’irréductible arrachement,  les femmes en allégorie équivoquante, ressurgissent à la vérité d’une fréquentation privilégiée du réel dont elles témoignent. 

L’accueil d’une position féminine symbolique réceptivité essentielle, énonçait M. Turnheim (Séminaire, 09.11.98, ECF), comme expression de la pulsion pacifiante qui l’accompagne, requière d’avoir été traversée dans la névrose infantile et prévaut comme condition pour le sujet à l’émergence de l’altérité le rempardant contre une déflagration d’« un pousse à la femme » imaginaire. 

A l’instar de ce dire nous pourrions avancer que l’accostage aux rivages de l’angoisse comme expérience de vérité approchée intimement par les femmes, constitue un temps inéluctable de la position instituante de tout sujet.   

Publié dans Cahiers du Collège Clinique de Paris. L’angoisse dans les structures cliniques. Année 2000 – 2001

1/ Freud S., « Sur la sexualité féminine » (1931), « La féminité » (1932), « Analyse finie et analyse infinie » (1937)

2/ Lacan J., « La signification du phallus », Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p.694.

3/ Lacan J., Le Séminaire, Livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p.40

4/ Lacan J., « La signification du phallus », Ecrits, loc. cité.

5/ Lacan J., Le Séminaire, Livre X, « L’angoisse », inédit, séance du 29.05.63

6/ Lacan J., Le Séminaire, Livre XX, Encore p.12

7/ Lacan J., Le Séminaire, Livre X, « L’angoisse », inédit, séance du 20.03.63

 8/ Lacan J., Ibid., séance du 06.03.63

9/  Lacan J., Ibid., séance du 13.03.63

10/11/  Lacan J., Ibid.

12/  André S., Que veut une femme ? p.122

13/ Lacan J., « Subversion du sujet … », Ecrits, op.cit., p.823

14/ André S., Que veut une femme ? p.279

15/  Lacan J., Le Séminaire, Livre X, « L’angoisse », inédit, séance du 06.03.36

16/  Lacan J., « Subversion du sujet … », Ecrits, op.cit., p.801

17/ Lacan J., « Fonction et champ de la parole », Ecrits, op.cit., p ;320

18/  « Je suis dans un amour entre vivre et mourir. C’est à travers ce défaut de votre sentiment que je retrouve votre qualité, celle justement de me plaire. Je crois être seulement attachée à ce que la vie nous vous quitte pas, pas autrement, le déroulement de celle-ci me laisse indifférente, elle ne peut rien m’apprendre sur vous, elle ne peut que me rendre la mort plus proche, plus admissible, oui, souhaitable. C’est ainsi que vous vous tenez face à moi, dans la douceur, dans la provocation constante, innocente, impénétrable. Vous l’ignorez » (M. Duras, l’homme atlantique, 1982) 

19/ « L’être aimé pour l’amant est la transparence du monde…C’est l’être plein, illimité, que ne limite plus la discontinuité personnelle. C’est, en un mot, la continuité de l’être aperçue comme une délivrance à partir de l’être de l’amant…Il y a une absurdité, un horrible mélange, dans cette apparence, mais à travers l’absurdité, le mélange la souffrance, une vérité de miracle…L’être aimé équivaut pour l’amant, pour l’amant seul sans doute, mais, n’importe, à la vérité de l’être. » (G. Bataille. L’érotisme, 1957)   

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *